Entre Les Lignes

La revue littéraire du festival Terres de Paroles

Le bonheur sur les réseaux sociaux

Texte(s)

IMAGINAIRE(S) NUMÉRIQUE(S)

Arnaud Troalic - Akté

Un container, trois comédiens, des casques, un réseau, des bornes d’écoute, quelques passants… C’est parti pour une aventure sur le bonheur. La compagnie Akté propose une expérience collective avec ce nouveau projet, Polis, présenté les 8 et 9 avril au Havre, les 15 et 16 avril à Evreux.

La parole est au centre de cette nouvelle création de la compagnie Akté. Dans l’Opus 1 de Polis, Les Paradis artificiels, elle n’est pas directe, ni frontale. Arnaud Troalic préfère la faire circuler dans les réseaux sociaux. Le metteur en scène du collectif havrais interroge une nouvelle fois la place du spectateur dans le processus artistique et le pouvoir des outils de communication, devenus indispensables dans nos vies quotidiennes.

Arnaud Troalic a imaginé un dispositif original pour « aller à la rencontre d’un public le plus large possible », « créer une cité ». Sur la place publique est installé un container entièrement vitré et sonorisé où évoluent trois comédiens. Autour se trouvent un panneau lumineux d’information et des barrières Vauban avec des casques. Pour participer, il suffit de posséder un téléphone portable, de se connecter au réseau privé mis en place et de se laisser guider. « C’est un cadre qui permet de convoquer les gens et de créer une protection », remarque Arnaud Troalic.

Les passants inscrits avec un pseudonyme sont chacun leur tour un spectateur privilégié et entament pendant un temps donné une conversation, via un micro, avec les comédiens. Tous peuvent entendre la conversation. Là, pas de pièges, pas de malentendus.

Tout est fait pour donner confiance aux gens qui doivent s’autoriser à être légitimes pour partager ce moment .

Polis est à l’échelle d’une place publique un véritable chat au cours duquel la parole, de plus en plus rare pour les uns et trop vide de sens pour les autres, est libérée. « La parole est l’art de la découverte. A quel moment sommes-nous dans cet état ? Dans Polis, nous avons pris rendez-vous pour penser ensemble. Il n’y a pas de sous parole. Toutes sont bonnes pour réfléchir sur la société ».

Le container devient là une chambre d’échos ». Les trois comédiens ont entre les mains six listes de questions écrites par des auteurs différents, Aline Revriaud, Elisabeth Hölzle, Stéphan Castang, Sylvain Levey, Nathalie Papin et David Geselson. Comme dans une enquête, les trois comédiens cherchent à connaître la vision de chaque participant.

 Aujourd’hui, il y a une injonction au bonheur. Doit-il être le but de toute vie ?

Quel sujet abordé ? Dans cet objet théâtral, le public est amené à échanger sur le thème des paradis artificiels. « Aujourd’hui, il y a une injonction au bonheur », rappelle le metteur en scène. « Doit-il être le but de toute vie ? Dans notre société, si nous ne nous sommes pas heureux, cela signifie que nous sommes malades. C’est aussi un thème dont on peut parler et des heures et des heures et qui permet de se projeter sur une vie individuelle et collective ». Dans cette conversation, les trois comédiens « ramènent de la poésie pour contrecarrer les évidences. Le but n’est pas d’être dans le consensus »

Maryse Bunel

Partager cette page :